Serbie. Que se passe-t-il vraiment ?

Serbie. Que se passe-t-il vraiment ?

Au cœur des Balkans, la Serbie est un pays d’environ sept millions d’habitants, enclavé entre la Hongrie au nord, la Roumanie et la Bulgarie à l’est, la Macédoine du Nord au sud, et le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie à l’ouest. Héritière d’une histoire complexe, marquée par l’éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990, elle oscille depuis son indépendance entre aspiration européenne et nostalgie d’un passé géopolitique où elle jouait un rôle pivot entre l’Est et l’Ouest.

Avec une économie en développement, mais encore marquée par une forte corruption et une dépendance à des investissements étrangers, la Serbie affiche une croissance instable. Officiellement candidate à l’Union européenne depuis 2012, elle bénéficie de fonds européens tout en renforçant parallèlement ses liens avec la Russie et la Chine. Ces alliances lui permettent d’obtenir des investissements massifs dans les infrastructures, notamment via l’initiative chinoise des « Nouvelles Routes de la Soie », et un soutien politique et militaire de Moscou. Ce double jeu stratégique, qui vise à préserver une certaine autonomie, se heurte aujourd’hui à une contestation populaire grandissante.

Belgrade, 15 mars 2025. Une marée humaine envahit les rues. C’est un soulèvement populaire, un sursaut de dignité face à un régime qui confisque le futur. La Serbie, pays au carrefour de l’Europe et des ambitions impérialistes étrangères, est aujourd’hui en lutte contre la corruption, l’autoritarisme et la soumission à des forces qui ne veulent ni son émancipation ni sa prospérité.

Depuis des années, le gouvernement d’Aleksandar Vučić resserre son emprise sur la nation. Sous couvert de stabilité, il a construit un système où la justice n’est plus qu’une façade, où la presse libre est harcelée, où chaque dissident devient une cible. La Serbie est officiellement candidate à l’Union européenne, mais dans les faits, elle s’éloigne chaque jour un peu plus de ses principes fondamentaux. En parallèle, elle se rapproche de la Russie et de la Chine, non par nécessité économique, mais par choix politique imposé au peuple. Ces alliances ne sont pas anodines : elles servent un projet, celui d’un État fort, contrôlé, verrouillé, où l’opposition n’a plus d’espace et où l’ordre l’emporte sur la liberté.

Le peuple serbe refuse cette trajectoire. Il refuse d’être enfermé dans un système opaque où les affaires de corruption ne sont jamais jugées, où les élites s’enrichissent pendant que les citoyens subissent, où l’avenir est confisqué au nom d’intérêts qui ne servent qu’une minorité.

Ces manifestations dépassent les clivages traditionnels et rassemble les étudiants, les travailleurs, les enseignants, les parents inquiets pour l’avenir de leurs enfants. Elle incarne une volonté claire : sortir de l’ambiguïté, faire le choix d’un futur démocratique et souverain, où les décisions ne se prennent ni à Moscou ni à Pékin, mais bien à Belgrade, dans une transparence absolue.

Ce combat n’est pas celui d’un seul peuple, il est universel. Partout en Europe, des signes montrent que la démocratie est attaquée, discrètement, mais constamment attaquée par les régimes qui rêvent d’un monde contrôlé, surveillé, muselé. Ce qui se joue en Serbie est un avertissement pour tous ceux qui croient encore que l’autoritarisme ne pourrait jamais triompher chez eux. Il ne s’agit pas d’une lutte isolée, mais bien d’un front, où chaque victoire ou chaque recul aura des répercussions bien au-delà de ses frontières.

Les Serbes ne demandent pas la charité politique, ils ne réclament pas qu’on parle en leur nom. Ils exigent que leur voix soit entendue, que leur combat soit reconnu pour ce qu’il est : un rejet du cynisme, une affirmation de la souveraineté populaire contre les jeux d’influence et les arrangements d’arrière-cour. Ils réclament une justice qui fonctionne, une presse libre, des institutions au service du bien commun.

Malgré les menaces, malgré la surveillance, malgré les intimidations, le peuple serbe tient bon.

La question n’est plus de savoir si ce régime tombera, mais quand. Et surtout, à quel prix. La seule certitude est que les Serbes se lèvent pour leur pays, mais aussi pour l’idée même de la démocratie, qui, partout, vacille et doit être défendue avec la même joie, la même détermination.

Mise à jour du dimanche 16 mars : Succès immense, les manifestions en Serbie augmentent, c’est le début d’une contestation qui va toucher tous les pays d’Europe, et on peut l’espèrer, finira par toucher aussi la Russie et la Chine. Solidarité envers tous les peuples

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