Pour la paix

Pour la paix

Avec le Canada, avec le Mexique, avec la Palestine, avec l’Ukraine, avec Taïwan, et avec tous les peuples pris en étau entre des impérialismes rivaux.

Un Canadien a récemment écrit que la philosophie de son pays pourrait tant apporter aux États-Unis : moins de violence, plus d’empathie, l’apprentissage de l’éthique et de la bienveillance dès l’école, des espaces de vie sans armes, une liberté d’être soi sans crainte d’une haine d’État. Un monde où l’on ne devrait jamais choisir entre se soigner et se nourrir, où l’on pourrait laisser sa porte ouverte en sachant que la solidarité existe.

La paix ne se décrète pas, elle se construit. Elle exige le désarmement, la fin des oppressions, la reconnaissance pleine et entière des droits de chacun. Les femmes, les minorités, les LGBTQ+, les enfants, les peuples du monde entier. La nationalité ne vaut rien si elle ne s’accompagne pas d’un respect absolu pour toutes les autres. La ligne tracée sur une carte ne saurait faire oublier l’essentiel : nous appartenons à une humanité commune.

Le système dans lequel nous vivons repose sur un équilibre fragile entre domination et consentement forcé. Une mécanique ancienne, façonnée par la violence et l’exploitation, recouverte d’un vernis de modernité qui peine à dissimuler ses fondations. Derrière le jeu des diplomaties et des prétendues démocraties, la réalité demeure inchangée : quelques milliers d’individus décident des guerres, des famines, des déséquilibres écologiques, tandis que des milliards subissent ces décisions comme une fatalité. Les élites, enfermées dans leurs calculs, prétendent incarner la raison d’État quand elles ne sont que les gestionnaires d’un monde conçu pour perpétuer leur propre pouvoir.

On aime à répéter que chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite. C’est faux. Les peuples ont les dirigeants qu’on leur impose, sélectionnés dans les mêmes cercles fermés, façonnés par les mêmes codes, perpétuant les mêmes logiques. La promesse du changement n’est qu’un masque supplémentaire pour mieux cacher l’immobilisme. La loi du karma, pervertie par ceux qui y trouvent un avantage, sert d’outil pour légitimer les inégalités, enfermant les opprimés dans l’idée que leur souffrance serait le prix d’une faute ancienne. Mais la causalité est autre. Elle est vivante, réciproque, elle se joue dans nos décisions, dans nos refus, dans notre capacité à briser les cercles de domination que l’on voudrait éternels.

L’Amérique suffoque sous le poids d’une démocratie factice. La Chine attend une révolution qui tarde à naître. La Russie subit l’étouffement d’un pouvoir qui ne tolère aucune remise en question. Israël sacrifie sa propre sécurité en alimentant une logique de destruction qui la ronge de l’intérieur. La Palestine endure ce que l’histoire retiendra comme l’un des crimes majeurs de notre époque. La France, un temps patrie de l’émancipation, laisse croire qu’elle n’est plus qu’une terre de conservatisme alors que des millions de consciences humanistes, si elles se levaient, renverseraient ce mensonge. La Tunisie, brisée par des forces opposées, rêve encore d’un renouveau que trop de puissants s’emploient à étouffer.

Les peuples du monde sont enfermés dans des frontières illusoires, piégés dans des récits qui leur apprennent à se méfier les uns des autres. On leur inculque que la division est la norme, que la violence est inhérente à l’humain, que la guerre est un passage obligé de l’histoire. Mais tout cela n’est qu’une mise en scène savamment orchestrée. La violence n’est pas une loi naturelle. Elle est le fruit d’un petit nombre qui s’acharne à la rendre incontournable, à l’intégrer dans les esprits, à en faire un horizon indépassable.

Il serait facile de céder au vertige du désespoir, de conclure que tout est figé et qu’aucune brèche n’existe. Pourtant, l’histoire est tissée d’imprévus, et chaque domination porte en elle ses propres failles. Rien n’est immuable. Chaque mur peut être fissuré, chaque certitude peut vaciller. L’équilibre actuel repose sur une illusion, et cette illusion ne tiendra pas si nous refusons de jouer le rôle qu’elle nous assigne.

Changer le monde n’est pas un rêve naïf. C’est un impératif, une nécessité vitale face à l’absurdité d’un système qui ne sait produire que la destruction. Cela exige de ne plus se contenter de dénoncer, mais d’imaginer. De ne plus se limiter à refuser, mais de bâtir. D’opposer aux récits de guerre des récits de coopération. De répondre à la peur par l’intelligence collective. D’inverser la logique du pouvoir, de prendre conscience que nous sommes infiniment plus nombreux que ceux qui prétendent décider pour nous.

L’époque à venir sera ce que nous en ferons. Soit nous continuons de suivre un scénario écrit par d’autres, répétant encore et encore les mêmes erreurs, soit nous écrivons une nouvelle page.

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Une réponse à “Pour la paix”

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