Le langage est un outil de pouvoir. Il structure la pensée, définit les cadres de perception et influence les comportements collectifs. Lorsqu’il est manipulé, il devient un instrument de contrôle et de domination. Aujourd’hui, cette manipulation ne repose plus seulement sur des stratégies de communication classiques, mais s’appuie sur des technologies capables d’altérer en profondeur la perception du réel. L’ère de l’algorithme et de l’intelligence artificielle a accéléré cette dérive, rendant possible une ingérence invisible dans la construction des récits et des idées.
Les mots ne sont plus seulement des vecteurs de sens, ils deviennent des armes. Leur signification évolue sous l’influence d’acteurs politiques, économiques et médiatiques qui cherchent à façonner les imaginaires. La confusion linguistique, entretenue par la surinformation et la saturation des canaux numériques, fragilise la capacité à distinguer le vrai du faux, l’opinion du fait, l’argument du sophisme. Des termes autrefois porteurs d’une réalité claire se retrouvent détournés, édulcorés ou vidés de leur substance. La démocratie devient « illibérale », la paix se confond avec la soumission, la résistance est assimilée à l’extrémisme, et l’autoritarisme se justifie par la nécessité d’un prétendu ordre supérieur. Cette guerre des mots n’est pas seulement sémantique, elle agit en profondeur sur la structuration mentale des sociétés.
Les algorithmes amplifient ces dérives en façonnant les flux d’informations. La personnalisation des contenus enferme les individus dans des bulles cognitives où ne circulent que les idées qui confirment leurs croyances préexistantes. Ce phénomène détruit la possibilité même d’un espace de débat partagé, fragmentant la perception du monde en réalités parallèles qui s’ignorent ou s’affrontent. L’IA, en générant des textes, des images et des vidéos toujours plus convaincantes, brouille la frontière entre authenticité et simulation. Une information peut être fabriquée de toutes pièces et pourtant paraître plus crédible qu’un fait avéré. Cette dissolution du réel dans un océan de récits concurrents produit un état de confusion généralisée où la fatigue cognitive pousse à l’indifférence ou à la radicalisation.
Dans ce contexte, les régimes autoritaires trouvent un terrain propice à leur expansion. L’érosion de la confiance dans les institutions démocratiques, la montée des inégalités et la saturation des récits contradictoires créent une demande pour des réponses simples, tranchées, souvent brutales. Le fascisme et l’extrémisme prospèrent sur ce terreau de désorientation collective. La manipulation des masses ne passe plus seulement par la répression physique, mais par une ingénierie subtile du langage et des récits. L’adhésion ne se construit plus sous la contrainte, mais par une imprégnation insidieuse de concepts altérés, de vérités tronquées, de propagandes invisibles.
La bataille idéologique qui se joue aujourd’hui est avant tout une bataille narrative. Celui qui contrôle les récits contrôle les perceptions, et celui qui contrôle les perceptions contrôle les décisions. Face à cette réalité, la seule résistance viable passe par une réappropriation du langage, une éducation critique des esprits et une production de récits alternatifs qui rétablissent un rapport sain au réel. Il ne suffit pas de dénoncer la manipulation, il faut proposer d’autres visions du monde, créer des espaces où la pensée peut se déployer librement, réhabiliter la complexité face aux simplismes toxiques.
Le défi est immense. Il impose de repenser la manière dont l’information est transmise, dont les mots sont employés, dont les images sont fabriquées. Il suppose une vigilance permanente face aux glissements de sens, une attention à la qualité du débat public, une capacité à reconstruire du commun dans un monde où tout semble conçu pour diviser. L’avenir se jouera sur la capacité à ne pas céder à la confusion, à préserver l’intelligence collective face aux forces qui cherchent à la dissoudre, à reconstruire du sens là où d’autres ne veulent qu’un chaos contrôlé.
Liste des mots « signalés » par le régime néo-fasciste aux USA qui se met en place :
- accessible
- activisme
- activistes
- plaidoyer
- défendre
- défenseurs
- soins affirmatifs
- tout-inclus
- alliance
- antiracisme
- antiraciste
- assigné à la naissance
- assignée femme à la naissance
- assigné homme à la naissance
- à risque
- barrière
- barrières
- appartenir
- biais
- biaisé
- biaisé envers
- biais
- biais envers
- femme biologiquement
- homme biologiquement
- BIPOC (Personnes noires, autochtones et de couleur)
- Noir
- allaitement + personnes
- allaitement + personne
- allaitement au biberon + personnes
- allaitement au biberon + personne
- énergie propre
- crise climatique
- science du climat
- travailleur·euse du sexe commercial
- diversité communautaire
- équité communautaire
- biais de confirmation
- compétence culturelle
- différences culturelles
- appropriation culturelle
- sensibilité culturelle
- culturellement approprié
- culturellement réactif
- DEI (Diversité, Équité, Inclusion)
- DEIA
- DEIAB
- DEJ
- handicaps
- handicap
- discriminé
- discrimination
- discriminatoire
- disparité
- origines diverses
- communautés diverses
- groupe divers
- groupes divers
- diversifié
- diversifier
- diversifiant
- diversité
- améliorer la diversité
- amélioration de la diversité
- qualité environnementale
- égalité des chances
- égalité
- équité
- équitabilité
- ethnicité
- exclusion
- expression
- femme
- femmes
- féminisme
- favoriser l’inclusivité
- violence basée sur le genre
- diversité de genre
- identité de genre
- idéologie de genre
- soins affirmatifs de genre
- Golfe du Mexique
- discours de haine
- disparité en matière de santé
- équité en santé
- minorité hispanique
- historiquement
- identité
- immigrants
- biais implicite
- biais implicites
- inclusion
- inclusif
- leadership inclusif
- inclusivité
- accroître la diversité
- augmentation de la diversité
- communauté autochtone
- inégalités
- inégalité
- inéquitable
- inéquités
- iniquité
- injustice
- institutionnel
- intersectionnel
- intersectionnalité
- groupes clés
- personnes clés
- populations clés
- Latinx
- LGBT
- LGBTQ
- marginaliser
- marginalisé
- hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes
- santé mentale
- minorités
- minorité
- plus à risque
- MSM (Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes)
- multiculturel
- Mx
- Amérindien
- non-binaire
- oppression
- oppressif
- orientation
- personnes + utérus
- soins centrés sur la personne
- soins centrés sur les personnes
- polarisation
- politique
- pollution
- personnes enceintes
- personne enceinte
- personnes enceintes
- préjugé
- privilège
- privilèges
- promouvoir la diversité
- promotion de la diversité
- pronom
- pronoms
- prostituée
- race
- race et ethnicité
- racial
- diversité raciale
- identité raciale
- inégalité raciale
- justice raciale
- racialement
- racisme
- ségrégation
- sentiment d’appartenance
- sexe
- préférences sexuelles
- sexualité
- justice sociale
- socioculturel
- socio-économique
- statut
- stéréotype
- stéréotypes
- systémique
- systémiquement
- ils/eux (pronom non-binaire)
- trans
- transgenre
- transsexuel
- traumatisme
- traumatique
- tribal
- biais inconscient
- sous-apprécié
- sous-privilégié
- sous-représentation
- sous-représenté
- mal desservi
- sous-évalué
- victime
- victimes
- populations vulnérables
- femmes
- femmes et sous-représentées
Alphaville, de JL Godard, 1965, bande-annonce :
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