Série de textes courts
Il fut un temps — pas si lointain — où certains mots faisaient peur.
Où « féminisme » était peint en caricature, où « LGBTQ++ » sonnait comme une insulte.
Où « justice sociale » passait pour un fardeau,
où « écologie » dérangeait ceux qui possédaient trop de confort pour changer.
Il fut un temps où « intersectionnel » semblait trop complexe,
où « Noir », « asiat » « arabe » « handicap », « immigrants », « minorité hispanique », « non-binaire »,
« communauté autochtone » étaient prononcés dans des phrases crispées, hésitantes, floues.
Un temps où l’on croyait que la « diversité » signifiait dilution,
que « inclure » risquait de décentrer, que « injustice » valait mieux ignorée que traversée.
Mais ce temps… change, comme la buée sur un miroir.
Aujourd’hui, je choisis d’écrire autrement.
J’écris avec les mots d’une écriture du futur.
J’écris pour les activistes du lien, pour les plaidoyers intimes,
pour les communautés diverses qui dessinent une nouvelle expression du monde.
Je m’adresse à celles et ceux qui sont marginalisés, sous-représentés, sous-évalués,
pour rappeler leurs blessures légitimes
et pour éclairer leur véritable puissance.
Je me tiens à côté de ceux que l’on dit « vulnérables »,
qui ont des secrets que les sphères dirigeantes veulent bâillonner,
et je marche à mon rythme, tout en respectant le leur.
J’écoute les soins centrés sur la personne, la santé mentale qui s’ouvre comme un jardin,
les femmes qui ne demandent plus l’autorisation,
les personnes enceintes qui parlent d’univers dans leur ventre,
les Noirs, les Amérindiens, les communautés LGBTQ,
qui réenchantent les récits par leur simple présence.
Je choisis de vivre dans une époque où le leadership inclusif et collectif se réveille.
Où l’écologie et la science du climat forment un seul langage :
celui de la vie prolongée par la conscience.
Je reconnais les biais. Tous. Les biais implicites, les biais de confirmation,
les biais envers l’autre, envers le soi, envers le monde.
Ils sont là. Présents. Modifiables.
Ils ne sont pas des fautes, mais des failles de perception prêtes à être traversées.
J’écris pour l’inclusion, l’équité,
pour la réparation lente et fertile des traumatismes systémiques.
J’écris pour que chaque privilège,
soient vus comme une zone de co-création possible.
J’écris parce que les mots ne sont pas des armes,
bien qu’ils peuvent aider à dépasser les larmes.
Ils sont des outils de respiration.
Ils accordent, transforment, tissent,
parfois même se contredisent, et c’est cela qui fait leur beauté.
Je valorise des mots que d’autres voudraient rayer.
Je préfère les réactiver avec soin, leur redonner sens,
la feuille ne juge pas la terre où elle pousse.
la mémoire ne conserve que ce qui respire encore.
chaque pixel oublié peut devenir lumière collective.
chaque être unifié contient un futur.
Et moi, dans ce vortex de mots vivants,
je choisis de promouvoir la diversité,
de déconstruire sans briser,
de nommer sans blesser,
de créer sans exclure,
de défendre sans diviser.
Car le monde que j’invoque se tisse avec toutes les lettres —
y compris celles que les sphères du Pouvoir totalitaire veulent taire.
Et chaque mot que je laisse fleurir dans la bouche des autres
devient une graine de récit.
Carlos Chapman, 5 avril 2025
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