Analyse de l’information anti-peuples. Guerre des récits, guerre cognitive, guerre des opinions publiques.

Analyse de l’information anti-peuples. Guerre des récits, guerre cognitive, guerre des opinions publiques.

Dans le vacarme des récits de guerre, certains articles prétendent rétablir la vérité alors qu’ils ne font que déplacer le mensonge. Celui publié le 5 mai 2025 par Le Courrier des Stratèges — intitulé “Le Joker Zelensky démasqué” — s’inscrit dans cette logique trouble : une contre-propagande qui devient, à force de simplification, une propagande inversée. L’auteur y relaie sans distance critique les thèses d’un politologue ukrainien, Konstantin Bondarenko, selon lesquelles la guerre en Ukraine serait entièrement orchestrée par “l’Occident”, entité floue et toute-puissante qui manipulerait à la fois Zelensky, l’OTAN, les médias, et même les esprits.

Le mot “Occident” revient neuf fois dans l’article, toujours avec une majuscule, comme on évoque une puissance mythologique. Boris Johnson, cité quatre fois, y incarne le rôle du saboteur des négociations de paix, envoyé de l’ombre pour perpétuer le conflit. Il est donc le représentant principal de cet « Occident », mais quand on creuse, Johnson est un conservateur, ami de Trump, qui est arrivé au pouvoir post-brexit qui lui même est le résultat des psy-ops que se livrent les empires, les mafias, les nations quand elles en ont les moyens.

Johnson n’est pas l’Occident comme Poutine n’est pas la Russie. Quant à Zelensky, mentionné dix fois, il n’est plus un acteur politique complexe, traversé par des contradictions historiques et humaines : il devient un pantin, un “joker” dont le masque aurait été fabriqué par soixante agences de communication. Tout y est inversé : les violences de l’agression russe sont évacuées, les tentatives de paix réduites à des manipulations, l’histoire de l’Ukraine dissoute dans une paranoïa stratégique où l’Occident est partout, tout le temps, responsable de tout.

Le peuple ukrainien, absent du récit, oublié, les faits et les origines de la guerre en Ukraine, absents du récit : D’après mes recherches, une double responsabilité incombe sur ce qui s’est en passé Ukraine en 1994.
En 1994, l’Ukraine nouvellement indépendante suite à la chute de l’URSS, avait la possibilité de créer une bombe atomique. Les pays comme les USA, le Royaume-Uni, l’Ukraine et la Russie ont co-signer un engagement mutuel à protéger l’Ukraine en cas d’invasion, en échange que l’Ukraine renonce à créer une bombe atomique et engendre une prolifération d’armes atomiques de manière « sauvage » dans le monde (Iran, etc). Mémorandum de Budapest.

Le peuple ukrainien, comme tous les peuples qui faisaient partie de l’ex-URSS, s’est tourné vers la liberté et l’abondance proposée/imposée par les pays plus libres d’Europe de l’Ouest. En 2014, Maidan était soutenu par des financements venus de ces mêmes pays ? Certainement, les ONG et défenseurs des droits humains, partout dans le monde, ont besoin de financements. Que les extrêmes droites et libertariens accusent « l’Occident » d’avoir financé cette révolution, en regardant de plus prêt, parait comme une façon de raconter les choses en omettant les facteurs humanitaires.

Quelle erreur fondamentale a fait le régime révolutionnaire de Kiev de 2014 quand des manifestations de contre révolutions ont éclaté en parallèle des manifestations pro-démocratie ? Précisons que oui, le régime de Kiev est corrompu, dangereux, et mafieux, comme celui de Russie et dans une certaine mesure, celui de l’Union Européenne, dirigée depuis le début de son existence, par la droite conservatrice et néo-libérale (Jacques Delors et le PS pouvant être considérés à nombreux égards, de droite…), mais là on parle d’une autre époque.

Ukraine. Le régime nouveau de 2014 a alors fait une erreur stratégique majeure, celle de supprimer la langue russe comme seconde langue (abrogation d’une loi de 2012 liée à la politique linguistique de l’Ukraine), alors même que la plupart des ukrainophones parlaient et comprenaient également le russe. Sans compter les bassins à majorité russophones, qui n’ont pu que prendre cette mesure comme un affront à leur identité transculturelle (Transculturalité = le sujet absent de l’époque, alors qu’il en est la fibre « optique »). Donc oui, pour résumer, les USA et le Royaume-Uni se sont engagés pour protéger l’Ukraine, oui la Russie signe des accords pour systématiquement les piétiner ensuite et accuser le méchant « Occident » de tous les maux.
Les responsabilités ne sont pas binaires, elles sont partagées entre différents acteurs qui pensent tous « bien agir » pour leur peuples, sauf qu’ils pensent tous qu’ils peuvent confisquer le pouvoir de leur peuples et décider à la place des peuples, qui sont très largement pour la paix. Les replis identitaires n’étant que le résultat des stratégies de divisions et d’intentions malveillantes d’élites en soif de conquête, au lieu d’être au service des peuples.

Ce type de récit ne cherche pas à éclairer mais à captiver, en détournant la colère légitime contre les hypocrisies occidentales vers une vision du monde où il n’y aurait plus que deux camps : les manipulateurs et les manipulés. On y retrouve les ressorts classiques de la rhétorique hypno-fasciste contemporaine : la production d’un sentiment de révélation (“on vous cache la vérité”), la simplification des antagonismes (“l’Occident contre le reste du monde”), et l’effacement de la complexité historique, politique, sociale. On remplace l’analyse par la suggestion, le discernement par l’adhésion émotionnelle. Ce que ce type de média promet n’est pas la vérité : c’est le soulagement cognitif.

Mais cette soif de simplicité est précisément le terrain préféré des nouvelles formes d’autoritarisme. Il ne s’agit plus de contraindre, mais de séduire. De proposer un monde où l’on n’aurait plus besoin de penser, seulement de choisir un camp. C’est le projet souterrain qui unit, aujourd’hui, les libertariens radicaux et les extrêmes droites dans une alliance baroque, transatlantique, qui s’avance au nom de la liberté mais rêve d’un pouvoir sans règles, d’un marché sans lois, d’un peuple sans mémoire.

Les peuples, justement, n’ont rien à gagner à ces duels fantasmés. Ni en se rangeant derrière les États qui bafouent leurs propres principes, ni en se laissant piéger par les vendeurs d’illusions qui prétendent les réveiller. Ce que révèle cet article, ce n’est pas la vérité sur la guerre en Ukraine, mais le fonctionnement d’un imaginaire captif. Il n’informe pas : il envoûte. Il ne propose pas d’issue : il enferme dans un ressentiment rentable. Il faut s’en extraire.

Car les peuples méritent mieux que ces manipulations dualistes. Ils méritent une parole libre, qui ne soit pas le miroir inversé de la propagande dominante. Ils méritent qu’on cesse de parler à leur place avec des figures imposées, des mythes géopolitiques ou des slogans recyclés. Ils méritent, enfin, qu’on les considère comme capables de penser les nuances, de distinguer les luttes légitimes des instrumentalisations, et de reconstruire, au milieu du chaos, des récits où la vérité n’est ni simple ni donnée, mais à conquérir collectivement.

Source analysée : https://lecourrierdesstrateges.fr/2025/05/05/le-joker-zelensky-demasque-un-politologue-ukrainien-denonce-une-guerre-par-procuration Article dualiste du média libertarien de droite « Le Courrier des Stratèges ». Analyse subjective en partie réalisée avec l’assistance de l’outil expérimental « Méta-signaux ».

Pourquoi cet article ?

Dans un monde saturé de récits simplifiés, d’adhésions émotionnelles et de propagandes croisées, il devient vital de défendre une posture lucide, pour la dignité des peuples. Ce texte s’inscrit dans ce mouvement. Il ne cherche pas à humilier celles et ceux qui adhèrent sincèrement à certains récits dits alternatifs. Il propose une autre manière de lire, une autre manière de sentir ce qui se joue dans les discours, les articles, les opinions qui circulent.

Une parole pour les peuples, pas contre les individus

Ce qui m’anime n’est ni la colère ni la revanche, mais un respect profond de la capacité des peuples à penser par eux-mêmes. Ce respect n’est pas théorique : il est viscéral. L’information se cherche, collectivement, dans la friction des récits, dans les silences aussi. Ce que je défends, c’est cette possibilité : une parole habitée, une parole qui doute, qui ne parle pas à la place.

Interroger les récits : une nécessité démocratique

Nous devons apprendre à reconnaître les récits qui, sous couvert de “révélation”, cherchent à nous séduire. À chaque lecture, il est possible de se poser quelques questions simples, comme des gestes de désenvoûtement :

– Quels peuples sont évoqués ? Sont-ils traités comme des sujets ou des objets ?
– Y a-t-il des figures mythifiées (l’Occident, l’Est, le Bien, le Mal) ?
– Le texte pousse-t-il à réfléchir ou à choisir un camp émotionnellement ?
– Qui sont les auteurs ? Qui sont les propriétaires du média ? Quels sont leurs intérêts ?
– Les faits historiques sont-ils vérifiables ? Sont-ils sélectionnés équitablement ?
– Quelle part du récit est fondée sur la peur, le ressentiment ou l’humiliation ?
– Quelles réalités collectives sont absentes ou invisibilisées ?
– Le langage est-il propice à la complexité ou à l’envoûtement idéologique ?
– Y a-t-il une possibilité de sortie, de vision, d’action collective dans ce récit ?
– Et moi, lecteur ou lectrice, qu’est-ce que je ressens en lisant ?

Sortir des pièges sans rejeter tout

Les démocraties occidentales ne sont pas des modèles sans taches. Elles sont elles aussi traversées par des logiques d’influence, des récits tronqués, des alliances troubles. Mais les dénoncer ne suffit pas. Il faut aussi refuser la tentation symétrique : celle de croire que l’inverse du mensonge est forcément la vérité. Ce que nous devons construire, ce sont des récits de réparation. Des récits qui prennent soin des peuples au lieu de les capturer dans des antagonismes sans issue. La cyber-résistance non-violente continue, les peuples pour la paix sont bien là.

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