La récente déclaration de Mark Zuckerberg, PDG de Meta, suggérant que les intelligences artificielles pourraient remplacer les amitiés humaines afin de combattre la solitude croissante, soulève de sérieuses préoccupations quant à l’essence même de nos relations sociales et à leur importance fondamentale pour l’équilibre humain.
Selon Zuckerberg, l’Américain moyen ne compterait que moins de trois amis, tandis qu’une vie sociale épanouie nécessiterait environ quinze relations significatives. Dans ce contexte, il propose que les chatbots et les assistants virtuels puissent pallier ce déficit relationnel en devenant des compagnons sociaux quotidiens. Toutefois, cette vision simpliste omet une dimension essentielle des interactions humaines : la complexité et la profondeur des échanges réels, incarnés et multidimensionnels.
Les avancées contemporaines en neurosciences apportent un éclairage crucial sur ce sujet en confirmant que les êtres humains sont intrinsèquement « câblés » pour nouer et maintenir des relations sociales authentiques. Ces relations impliquent des interactions verbales et non verbales, comme les échanges de regards, les expressions faciales, et le langage corporel, autant d’éléments essentiels qui échappent totalement aux interactions avec des intelligences artificielles.
Uri Hasson, professeur en neurosciences à l’Université de Princeton, a démontré par imagerie cérébrale fonctionnelle (fMRI) que lorsque deux personnes interagissent directement, leurs cerveaux entrent littéralement en résonance neuronale, créant ainsi un alignement de leurs processus mentaux et émotionnels. Ce phénomène, qualifié de « synchronisation cérébrale », constitue une base fondamentale pour la compréhension mutuelle, l’empathie, et le sentiment profond de connexion sociale (Hasson et al., 2012). Dans la même lignée, Matthew Lieberman, neuroscientifique de renom à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), a mis en évidence que l’isolement social active des régions cérébrales similaires à celles impliquées dans la perception de la douleur physique, soulignant ainsi la nécessité biologique et évolutive des connexions humaines pour la santé mentale et émotionnelle (Lieberman, 2013).
Par ailleurs, des études complémentaires révèlent que les interactions humaines réelles stimulent la production d’hormones et de neurotransmetteurs cruciaux pour le bien-être psychologique, comme l’ocytocine, souvent appelée « hormone du lien social ». Cette dernière joue un rôle significatif dans la création de liens affectifs forts, le développement de l’empathie et le maintien d’un état émotionnel stable (Heinrichs et al., 2009). Aucune intelligence artificielle, peu importe sa sophistication, ne peut déclencher ces mécanismes physiologiques subtils, limitant ainsi drastiquement son potentiel à remplacer véritablement une relation humaine.
Ainsi, si les intelligences artificielles peuvent indéniablement êtres des outils incomparables, extrêmement efficaces et d’une très grande utilité pour tout un tas de choses, ils ne possèdent pas la profondeur ni la complexité émotionnelle nécessaires pour substituer pleinement une relation humaine authentique. Considérer une interaction avec une IA comme équivalente à une véritable amitié serait non seulement une erreur conceptuelle majeure, mais également un danger potentiel pour notre équilibre psychologique à long terme.
Une vaste étude longitudinale menée par l’Université Harvard (Grant & Glueck Study) renforce cette affirmation en soulignant que la qualité prime nettement sur la quantité des relations sociales. Les conclusions tirées de cette recherche, dirigée par les psychologues Robert Waldinger et Marc Schulz (2017), indiquent clairement que les relations émotionnellement profondes et authentiques constituent le pilier central du bonheur et du bien-être durable.
Face à ces preuves scientifiques, il devient clair que l’avenir de notre vie sociale ne peut en aucun cas reposer sur une substitution numérique. Les intelligences artificielles doivent demeurer des outils complémentaires utilisés pour enrichir nos interactions humaines réelles et non les remplacer. Les IA sont des outils formidables bien que malheureusement très énergivores. La technologie générative qui permet de faire des images, des musiques et des textes à la demande, c’est un saut technologique. Les capacités d’actions, de raisonnement, de recherche de ces IA sont remarquables. La société est bouleversée, bousculée par les nouvelles technologies. Il faudra bien mettre en place un revenu de base pour chacun, car les robots sont en passe de nous surpasser dans tous les domaines. Les défis de l’humanité sont grands. Réchauffement climatique, génocides, régimes autoritaires, etc. Mais les robots peuvent être utilisés pour des tâches utiles comme l’écologie. Les robots peuvent reconnaitre des déchets et nettoyer toutes les plages à une vitesse impressionnantes, planter et prendre soin d’arbres… Bref, ça peut servir à autre chose qu’à faire la guerre, du moment que l’on a un peu d’imagination. « La logique vous mènera seulement d’un point A à un point B. L’imagination vous emmènera n’importe où » à dit Albert Einstein, adepte des exercices de pensées.
Il est donc impératif de rejeter fermement la vision promue par Mark Zuckerberg. En effet, cette approche non seulement méconnaît la complexité des besoins humains fondamentaux, mais exacerbe aussi les mécanismes mêmes d’isolement social que son entreprise exploite commercialement. Son modèle économique tire profit de la solitude, maintenant les utilisateurs captifs devant leurs écrans et éloignés de véritables relations interpersonnelles. Sa proposition d’utiliser l’intelligence artificielle comme remède à la solitude représente une aberration conceptuelle et morale, voire une réponse dangereusement irresponsable face au problème qu’il contribue lui-même à amplifier.
Donc non Zuck. NON ! Nous devons collectivement réaffirmer la primauté et la richesse authentique des relations humaines réelles, lesquelles restent indispensables à la véritable connexion émotionnelle, au bonheur et à l’épanouissement individuel et collectif.
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